Hébergements

Marineau ShawiniganUne nouvelle ère…

Publié le 16 novembre 2020 - Yves Ouellet

Le Groupe Marineau a été mis en vente en 2016 et c’est en 2018 que Donald Desrochers s’en porte acquéreur alors qu’il œuvre pour la famille depuis 12 ans en publicité, en marketing et aux ventes. Le nouvel entrepreneur n’a alors que 30 ans et, deux ans plus tard, sa chevelure est déjà ornée de quelques cheveux blancs. Signe de sagesse diront plusieurs. Nous l’avons rencontré à l’Hôtel Marineau de Shawinigan.

Réalisations

En deux ans, Donald Desrochers s’est attaqué à ce qu’il appelle « le rajeunissement du produit », dont la salle de déjeuner devenue plus spacieuse. Il a revampé 50 % des chambres et refait les toitures. « Mon principe de base consiste à rénover les infrastructures pour assurer la fidélité des clients. Je tiens aussi à préserver l’ambiance familiale et de travail qui a toujours régné chez Marineau afin que les employés soient fiers de faire partie de notre équipe.

Nous devons également développer de nouveaux marchés, dont celui de la motoneige, avec les clientèles françaises et de la couronne de Montréal. J’aimerais que le nouvel enclos grillagé (avec caméras de sécurité), qui occupera le stationnement, soit prêt pour cette saison.  Déjà, les motoneigistes peuvent garer leur véhicule et leur remorque après un séjour à l’hôtel. Ils aiment aussi pouvoir stationner leurs machines devant la porte de leur chambre au rez-de-chaussée et avoir un endroit pour se changer ou se réunir », explique l’homme d’affaire.

Il faut, toutefois, admettre que Shawinigan et Mattawin, tout spécialement, ce sont deux mondes en ce qui a trait à la motoneige. La clientèle de Shawinigan est surtout corporative et sportive (équipes), mais pour l’entreprise, les motoneigistes demeurent quand même une clientèle à privilégier. « Des gens qui sont relax, en vacances, pas compliqués… » Des forfaits avantageux leur sont proposés, mais ils n’englobent pas les quatre succursales. Le séjour à Shawinigan inclut le déjeuner continental, mais il n’y a pas de restauration sur place.

Du nouveau

La location est offerte à Mattawin où Marineau offre désormais une location de trois heures afin de permettre aux néophytes de juste essayer la motoneige sans s’embarquer dans une expérience trop longue ou trop coûteuse et en profitant de l’hébergement en demi-pension. « Pour les gens qui n’ont jamais fait de motoneige, trois heures c’est bien assez pour se faire une idée et savoir s’ils aiment ou pas », explique le propriétaire.

Faire avec le climat

Marineau Shawinigan est terriblement exposé aux aléas climatiques qui font que le sud de la Mauricie est parfois confronté à un enneigement tardif et à des soubresauts météorologiques. « Pas seulement la Mauricie! Toutes les régions de la vallée du Saint-Laurent connaissent les mêmes problèmes », assure le nouveau PDG. D’autre part, la région de Shawinigan doit composer avec un autre phénomène imprévisible : le gel de la rivière Saint-Maurice. « Pour que la rivière gèle suffisamment, il faut un bon dix jours de temps froid – ce qui a manqué la saison dernière, repoussant la saison de quelques semaines. L’industrie n’a d’autre choix que de s’adapter et, dans notre cas, nous sommes chanceux d’avoir Mattawin et La Tuque où la température est moins capricieuse, affirme-t-il. Marineau Mattawin roule à plein régime tout l’hiver, tant l’hébergement et la restauration que la location, et c’est essentiellement grâce à la motoneige. C’est d’ailleurs l’entreprise qui assure l’entretien des sentiers et la gestion du territoire. » Ces facteurs n’empêchent pas Shawinigan d’être un centre névralgique important pour la motoneige, presque un incontournable compte tenu de sa situation stratégique. Une ville à découvrir.

Une longue histoire

L’histoire entrepreneuriale de la famille Marineau nous ramène jusqu’en 1932, au lendemain de la plus grave crise économique du XXe siècle. À la fin des années 1920, Joseph Marineau possédait déjà l’Hôtel Grand-Mère. Mais la Grande Dépression l’a frappé et lui a fait perdre son entreprise. Il s’est alors tourné vers le nord de la Mauricie, un territoire qu’il connaissait bien puisqu’il possédait une cabane en bois rond dans le secteur de Mattawin.

Il s’est départi de toutes ses possessions pour se concentrer, en 1932, sur un petit restaurant-bar avec quelques chambres, en misant sur le développement de l’exploitation forestière qui laissait entrevoir des jours meilleurs pour l’économie locale. Le Club Mattawin a fonctionné ainsi pendant plus d’une dizaine d’années, jusqu’à ce que le feu ravage l’établissement en 1944.

Encore une fois, Joseph Marineau et son épouse prennent leur courage à deux mains et saisissent même l’occasion pour reconstruire plus grand et plus fonctionnel. La relève familiale s’annonce dès cet épisode de 1944 avec l’implication du fils aîné, Robert, qui prend part à la reconstruction malgré ses 17 ans. Ce dernier succèdera d’ailleurs à son père en 1954, à l’âge de 27 ans.

Par la suite, on aurait pu dire que le destin imposait à l’établissement un tournant majeur tous les dix ans ou presque. En effet, un autre incendie frappe en 1964 et détruit le Club Mattawin. Robert Marineau comprend alors tous les bouleversements qui sont en cours au milieu des années 1960. Le développement s’accentue le long de la route 155 et, bien au-delà, on parle de plus en plus de l’Expo 67 qui point à l’horizon et qui devrait attirer tellement de touristes qu’il se pourrait bien que l’on en retrouve jusqu’à Mattawin! Robert Marineau investit en fonction de cet avenir prometteur en construisant un nouvel hôtel moderne – doté de salles et d’une piscine – qui portera le nom de la famille : Chez Marineau – Auberge de la Rivière, l’établissement phare du groupe.

M. Marineau pense également à la relève avec les enfants de la troisième génération qui grandissent, ce qui se traduira par l’expansion de l’entreprise. En 1969, alors que la famille de Robert Marineau et Clémence Lefebvre compte neuf enfants, il inaugure une deuxième bannière Chez Marineau avec le Motel des 9, à La Tuque.

La famille s’avère complète au dixième enfant et c’est pour honorer sa famille que le patriarche donne à l’hôtel qu’il acquiert en 1984 à Shawinigan le nom d’Hôtel des 10, qui fait naturellement partie du groupe Marineau. Déjà, en 1983, le Motel le Gîte de La Tuque s’était ajouté au petit empire régional. En 2018, la famille se départit totalement de l’entreprise en la vendant à l’un de ses employés : Donald Desrochers.

Hôtel Marineau Shawinigan

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