PORTNEUF – Gilles Beaupré, du village du lac Sept-Îles, était loin de s’imaginer qu’il allait vivre une aventure peu commune lorsqu’il se mit au boulot par une journée d’hiver de 2011.
« J’étais sur ma terre à bois en train de couper un arbre avec ma scie à chaîne quand j’ai soudainement aperçu une perdrix s’approcher de très près. À force de patience, j’ai réussi à l’attirer à un pied à peine de moi. Elle n’était pas peureuse pantoute. »
Gilles Beaupré relate que cette rencontre fortuite avec une perdrix (le vrai nom est gélinotte huppée) va se répéter. « Je vais sur ma terre à bois à peu près deux ou trois fois par jour. Depuis cette fameuse rencontre, je me suis mis à la voir chaque fois. J’ignore ce qui l’attirait de même. C’était peut-être le bruit du moteur de ma motoneige ou celui de ma scie à chaîne. »
Notre homme souligne qu’il est un grand utilisateur de la forêt et qu’il a vu pas mal de perdrix dans sa vie, mais une perdrix de même, ça jamais! Elle était très spéciale!
Devant le grand degré de familiarité de la gélinotte huppée, Gilles Beaupré décide de lui donner un nom. Il l’appellera Cocotte. Parfois, il utilisera aussi les noms de Fifille et Poupoule.
Gilles raconte qu’elle n’a pas tardé à s’habituer à lui. « Je lui ai vite appris à manger dans ma main. Je lui apportais toutes sortes de choses, comme des graines de tournesol et des amandes décortiquées, des morceaux de gâteau et des bleuets… Les graines de tournesol, voilà ce que Fifille adorait le plus », raconte en riant l’arrière-grand-père de 81 ans.
Gilles Beaupré affirme qu’à force de lui présenter de la nourriture dans sa main, il a vécu des situations bien cocasses. « Ça attirait aussi des mésanges. Imaginez, j’avais des mésanges qui mangeaient dans une main et Cocotte qui mangeait dans l’autre », relate notre « Saint-François-d’Assise ».
Cocotte aimait faire des tours à motoneige
Gilles ajoute que Cocotte appréciait également sa compagnie. « Fifille aimait se percher sur ma main, sur mon épaule et sur ma tête. Je l’amenais avec moi pour faire des promenades en motoneige hors piste avec mon vieux Ski-Doo Elan. Elle réussissait à tenir le ballant avec sa queue. Et lorsque je marchais, elle me suivait comme un petit chien. »
Notre homme de la région de Portneuf indique que même s’il n’a jamais vu Poupoule avec d’autres perdrix, à ses yeux, elle n’était jamais réellement seule. Elle avait souvent de la visite. « Un jour, j’ai accompagné un groupe de quinze motoneigistes venus sur neuf motoneiges. Ils désiraient voir Cocotte. Tous se sont amusés à l’attirer jusqu’à ce qu’elle se pose sur leur main. »
Gilles raconte que Cocotte faisait également la joie de ses enfants et de ses petits-enfants. « Été comme hiver, ils ne rataient pas une occasion de venir la voir chaque fois qu’ils me rendaient visite. J’avais une petite fille qui aimait jouer avec elle; elle faisait tout ce qu’elle voulait avec. Les voisins aimaient itou venir la voir. Cocotte était devenue une vraie attraction locale! », affirme-t-il en riant.
La perte de Cocotte
La plus grande crainte de Gilles était de blesser accidentellement sa petite perdrix. « Des fois, elle se faufilait sous ma remorque remplie de bois pendant que je la tirais ou elle allait se cacher dans l’arbre que j’étais en train d’abattre. »
Ce lien particulier avec Cocotte a duré quatre ans. Puis un matin, Gilles Beaupré n’a plus revu sa belle perdrix. « Je savais qu’il lui était arrivé quelque chose de grave. Je l’ai cherchée partout. J’avais le cœur gros. » Gilles Beaupré croit qu’elle s’est fait manger par un oiseau de proie. « Il y en a un qui niche tout près de l’endroit où elle avait l’habitude de se tenir. Pour avoir le cœur net, il aurait fallu que je grimpe bien haut pour être capable de regarder dans le nid. C’était compliqué. »
Gilles Beaupré ne croit pas que sa Cocotte ait été tuée par un chasseur. « Elle était aimée par les gens d’ici. De plus, elle vivait sur une terre privée où il est interdit de chasser. »
Aux yeux de Gilles Beaupré, cette rencontre avec Cocotte demeurera quelque chose de magique dans sa longue vie. « J’ai vécu de très beaux moments. Mon souhait est de pouvoir, un jour, rencontrer une autre perdrix aussi attachante que Fifille. »