Quel oiseau impressionnant! Je ne vous parle pas de la dinde qui trône au milieu de la table au réveillon de Noël, mais du dindon sauvage, le bel oiseau que l’on retrouve à l’état sauvage. Son retentissant glouglou dans la forêt ne laisse personne indifférent. Croyez-moi! Et que dire de la barbe des dindons mâles? Whoa! Une touffe de poils noirs rêches pareils aux crins de cheval. Le plus étonnant est que cette belle parure croît légèrement chaque année et peut même parfois traîner au sol.
Saviez-vous que le dindon est originaire d’Amérique du Nord? Personnellement, j’en ai vu quelques-uns à l’état sauvage en Amérique centrale. Cet oiseau vivait par milliers sur un immense territoire. Le dindon était apprécié par les autochtones pour sa chair. Leurs magnifiques plumes servaient de parure. Les peuples indigènes l’ont fait découvrir aux conquistadores quand ceux-ci débarquèrent sur le nouveau continent. Croyant être en Inde, les Espagnols nommèrent cette volaille « poule d’Inde » qui deviendra plus tard « dinde ». Séduits par ce magnifique oiseau, ils en rapportèrent quelques spécimens vivants en Europe qui conquirent les papilles des gens du Vieux Continent.
La quasi-extinction du dindon sauvage
Durant la période de colonisation, la chasse excessive et la perte de grandes superficies d’habitats a bien failli faire disparaître le dindon sauvage. À partir des années 1930, des efforts de réhabilitation de l’habitat et de réintroduction du dindon sauvage permettent enfin à l’oiseau de prendre son envol. C’est dans la foulée des efforts de réintroduction lancés plus tôt dans le nord-est des États-Unis et en Ontario que Québec décide d’emboîter le pas.
Le débordement de la population de dindons sauvages des territoires voisins a fait en sorte que les premiers spécimens sont apparus au Québec en 1976 dans les localités bordant la frontière américaine en Montérégie et dans la région de Magog. La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP) décide au début des années 2000 de capturer plusieurs spécimens pour les relocaliser dans d’autres régions dans le but de rehausser la biodiversité et le patrimoine québécois.
L’opération est un vrai succès. L’oiseau s’adapte très bien à son nouveau milieu. « Le réchauffement climatique permet au dindon d’accéder plus facilement à la nourriture enfouie sous la couverture de neige devenue de plus en plus mince », explique Michel Baril, biologiste à la FédéCP, ajoutant que le dindon sauvage profite également d’un vaste garde-manger. « Ils se nourrissent de graines, de criquets et d’autres insectes. Et exceptionnellement, ils peuvent manger de la viande comme de petits reptiles et d’amphibiens. Ce sont des oiseaux omnivores. »
De nos jours, on calcule qu’il y aurait environ 50 000 à 60 000 dindons sauvages au Québec. Si le dindon sauvage fait la joie des chasseurs et des amateurs d’oiseaux, il n’en n’est pas de même pour les agriculteurs. Les dindons s'invitent sur les terres agricoles pour manger le maïs, faire des trous dans le sol, couper les cordes des balles de paille entreposées, perforer le plastique pour manger le contenu des ballots de foin. Et ils rentrent dans les silos. Par ailleurs, l’oiseau se nourrit d’insectes et de plantes nuisibles dans les champs agricoles.
Faire le paon!
La période d’accouplement commence chaque année vers avril et peut se poursuivre jusqu’à la fin mai. Le mâle est polygame et se reproduit avec plusieurs femelles. De plus, monsieur ne participe nullement à l’incubation des œufs (on compte entre 10 et 12 œufs par couvée). Cependant, notre sublime mâle sait se faire pardonner par sa beauté flamboyante quand celui-ci ouvre sa queue en éventail arborant de superbes couleurs.
Anecdote
On a déjà vu des dindons sauvages sauter d’une manière agressive sur des voitures en apercevant leur reflet sur la carrosserie.
Important
Notez que nul ne peut pourchasser, mutiler ou tuer volontairement un animal avec un véhicule, une motoneige, un aéronef ou une embarcation motorisée.