
En plein cœur de Mont-Laurier et en plein centre des Hautes-Laurentides trône une entreprise familiale respectée de tous. Elle a d’abord su gagner la confiance des agriculteurs avant de s’imposer auprès des amateurs de loisirs motorisés, et surtout, des motoneigistes. Yves Constantineau raconte l’histoire du commerce que son père a démarré il y a 60 ans.
F. Constantineau et Fils est beaucoup plus qu’un simple détaillant de motoneiges. Derrière la rutilante devanture récemment mise au goût du jour, comme l’ensemble des installations d’ailleurs, on découvre sur deux planchers tout l’inventaire d’un important concessionnaire BRP avec l’incroyable diversité de véhicules terrestres et nautiques toutes saisons. Cependant, si on regarde un peu plus avant, on trouve aussi un locateur majeur et d’impressionnants ateliers de mécanique et de services d'esthétique (incluant la réparation de fibre de verre). Sans oublier une boutique de vêtements et d’équipements avec comptoirs pièces et service, une multitude d’espaces d’entreposage qui occupent une grande partie du quartier environnant, une flotte d’autobus scolaires… Même une station-service! Et j’en passe…

Le fondateur Fernand Constantineau
L’histoire en mémoire
Il faut naviguer entre les motoneiges dans la salle de montre du second étage pour atteindre le bureau où siège encore Yves Constantineau malgré la retraite progressive dans laquelle il s’est engagé. Les murs de ce bureau très sobre évoquent surtout de nombreux souvenirs familiaux au milieu desquels la photo du paternel et fondateur, Fernand, occupe la place centrale. Toujours chaleureux, souriant, accueillant et passionné, Yves Constantineau raconte les débuts d’une entreprise agricole qui en est venue à la motoneige par la force des choses.
« C’est en 1958 que Fernand Constantineau achète la station-service Fina du boulevard Albiny-Paquette, qui exploitait une franchise des équipements agricoles Massey Ferguson, explique-t-il. C’était l’époque où la société International-McCormick occupait une large part du marché, mais le concessionnaire local ayant fermé ses portes, mon père a pu occuper cette niche. Dès 1967, il a procédé au premier agrandissement qui a donné la configuration du magasin actuel. Dans les années 1970, les acquisitions de terrain ont débuté pour élargir les espaces d’entreposage à mesure que la demande explosait. »
Aujourd’hui, lorsque Yves Constantineau fait faire le tour du propriétaire en voiture, on s’étonne de constater le nombre de terrains et de bâtiments que l’entreprise occupe un peu partout dans son quartier.
« Il s’agissait donc au départ d’un commerce essentiellement agricole, mais il faut se rappeler qu’à l’époque, chaque compagnie agricole avait sa marque de motoneige. C’est en 1969 qu’on a vu arriver les premières motoneiges Ski Whiz fabriquées par Massey Ferguson. Tout le monde avait sa motoneige à ce moment-là et il s’agissait d’un marché florissant. En 1970, la bannière Polaris s’est mise de la partie et, six ans plus tard, Ski Whiz devient Massey Ferguson alors que la production est confiée à Scorpion. »
C’est alors qu’apparaît Ski-Doo dans le paysage – au moment où le concessionnaire de l’époque cesse ses activités – et que Bombardier approche Constantineau. « C’était une grande période de bouleversement dans l’industrie. Curieusement, j’étais loin d’être d’accord, mais mon père a fait entrer Bombardier et je me suis vite rendu compte que les Ski-Doo se vendaient comme des petits pains chauds, contrairement aux autres marques que nous tenions. Nous avons donc abandonné les deux autres en 1976 pour représenter exclusivement BRP depuis et encore aujourd’hui », indique Yves Constantineau.
Depuis ce temps, l’entreprise s’est aussi lancée dans le transport scolaire, en 1992, et est devenue l’un des intervenants touristiques les plus importants au pays dans le secteur de la location de motoneiges et de véhicules récréatifs ainsi que du tourisme à motoneige. En outre, les lieux physiques ont été agrandis de partout : d’abord l’atelier en 2004, puis l’ajout d’un étage à la salle de montre en 2006.

Le nouveau look de la façade


À droite: Simon Constantineau
Plus récemment, les Constantineau père et fils ont pris une des décisions les plus importantes de l’histoire du commerce : celle d’abandonner, pour des raisons économiques, le marché agricole qui a été à l’origine de l’entreprise, afin de se concentrer sur les produits récréotouristiques, notamment la gamme complète des produits BRP ainsi que les grandes bannières de bateaux et de moteurs hors-bord et même une marque de pontons.
Changement de la garde
Bien qu’Yves Constantineau continue de faire acte de présence à son bureau, la direction est maintenant pleinement assumée par son fils Simon qui avait pourtant quitté Mont-Laurier pour ses études, puis avait amorcé une carrière chez BRP dans les Cantons-de-l’Est.
« J’ai effectivement étudié en ingénierie jusqu’au baccalauréat, mais je ne me suis jamais éloigné des produits récréatifs, même lors de mon parcours académique. J’ai aussi été stagiaire chez BRP durant mes études, avant d’être employé par leur Centre de recherche pendant trois ans. »
Simon Constantineau ne s’est donc jamais vraiment coupé du monde dans lequel il a grandi. Toutefois, à l’heure de bâtir une famille et de l’installer, l’idée de revenir dans les Hautes-Laurentides est apparue comme la meilleure alternative. « J’étais cependant essentiellement dans le développement de produits et dans la recherche avancée. La grande différence consistait à me plonger dans le public et à gérer une entreprise, souligne-t-il. J’ai commencé lentement aux ventes en 2005 et j’ai pris le temps de faire ma place. Je ne voulais pas être le fils du boss qui apparaît soudainement dans le portrait. J’avais déjà une excellente carrière et mon retour était un choix assumé. »

Depuis, Simon maintient comme avant un lien de confiance et de transparence avec son père Yves. « Je ne me suis jamais chicané avec mon père », affirme celui qui décrit une relation de complicité. « La transition s’est extrêmement bien passée et il aura toujours sa place au commerce. Mon grand-père s’est définitivement retiré à 72 ans et il reste encore quelques bonnes années à Yves d’ici là. Nous nous complétons parfaitement bien et il reste d’un grand secours, surtout depuis que nous avons des enfants. »
Une autre vision
F. Constantineau & Fils a encore complété d’importantes transformations en 2017, notamment des changements qui s’inscrivent dans la vision du nouveau dirigeant ainsi que dans les répercussions du détachement du secteur agricole. « La réalité de notre marché fait que BRP arrive presque chaque année avec un nouveau produit ainsi que tout l’éventail des accessoires et des pièces souvent de plus en plus grosses. Les changements visent donc l’amélioration de la capacité d’entreposage et l’efficacité du travail. Nous en avons profité pour donner un coup et créer un tout nouvel environnement en salle de montre », explique Simon Constantineau.
Motoneigiste depuis toujours, ce dernier conclut en réaffirmant sa solidarité avec tous les intervenants qui rendent l’activité possible, les clubs et les nombreux bénévoles, les pourvoiries, les promoteurs touristiques et tous les organismes qu’il veut continuer de soutenir et avec lesquels il souhaite travailler en étroite collaboration.