Portraits d'entreprises

Les Équipements MTNoù le client est roi

Publié le 10 février 2019 - Michel Garneau

PortraitsEntr_MTN_logo.jpg

L’industrie de la motoneige est un moteur économique important, pas seulement au Québec, mais également ailleurs au Canada et aux États-Unis. Elle fournit 41 000 emplois au Canada, dont plus de 14 000 au Québec. Une proportion importante de ceux-ci, notamment ici au Québec, est liée au volet récréotouristique de la pratique, cet impressionnant niveau d’activité étant rendu possible en grande partie grâce à notre superbe réseau de sentiers.

Ce qui est tout aussi surprenant est la taille plutôt modeste du côté industriel de la pratique, soit les fournisseurs de produits et services qui rendent notre réseau possible. Pensez, entre autres, aux fabricants de surfaceuses, de grattes, de signalisation, etc., bref, à toutes les entreprises qui fournissent les outils et rendent possible l’impressionnant travail de nos milliers de bénévoles. Par contre, il s’agit dans les faits d’un nombre relativement restreint de joueurs spécialisés. Dans un tel milieu, où pratiquement tout le monde se connaît et où les nouvelles circulent rapidement, il incombe à toutes les entreprises de prendre soin de leurs clients si elles souhaitent survivre, voire prendre de l’expansion. Ce constat n’a pas échappé à Charles Stenger et Claude Marcil.

PortraitsEntr_MTN_gratte_2.jpg

L’entreprise Les Équipements MTN participe régulièrement au congrès annuel de la FCMQ.

Changement de parcours

M. Stenger, le fondateur de MTN, a une longue expérience du domaine des équipements de neige, notamment de l’expérience qui précède son entreprise actuelle de plusieurs années. Il était président et directeur de la compagnie Beartrac LMC Canada, une société distributrice de surfaceuses LMC (abréviation de Logan Manufacturing Company), un fabricant américain de surfaceuses fondée en 1995 et qui était reconnu pour ses innovations. Pendant ses années d’opération, Beartrac LMC Canada a vendu environ 4 000 snowcats au Canada! Malheureusement, LMC a fermé ses portes à la fin du dernier millénaire, laissant des milliers de clients en plan. Sans grande surprise, ses anciens clients se sont tournés vers Charles Stenger à la recherche de pièces, notamment des chenilles, pour leurs engins. Que pouvait-il faire pour eux?

PortraitsEntr_MTN_Beartrac.jpg

Une trace de l’ancienne entreprise Beartrac LMC Canada orne les murs de l’usine MTN à Dorval. Charles Stenger nous informe que le fabricant de surfaceuses LMC était un joueur majeur dans le marché au cours des années 80 et 90. Par exemple, il nota qu’en 1995, Beartrac a vendu plus de surfaceuses LMC (uniquement) en Ontario que ses deux compétiteurs Bombardier et Pisten Bully combinés en ont vendues au Québec et en Ontario!

Du citron à la citronnade

Il y a un vieux dicton qui dit que « quand la vie vous donne des citrons, faites de la citronnade », et c’est justement ce que Charles Stenger a fait. Ressentant une obligation à servir ces acheteurs qui lui avaient fait confiance par la passé, il a commencé à fabriquer des chenilles pour ses anciens clients. C’est ainsi que la société Équipements de neige MTN est née en 1999. Toutefois, reconnaissant que le chiffre d’affaires lié à la vente de chenilles ne serait pas suffisant pour financer la poursuite de ses activités, il décida d’élargir sa gamme de produits, ajoutant des barbotins, des travers de chenilles et des grattes, à peine quelques mois plus tard.

PortraitsEntr_MTN_gratte_3.jpg

Les premières années, les ventes de grattes se limitaient à 5 ou 10 unités par an. Aujourd’hui, on en fabrique de 45 à 50 par année.

C’est alors que le destin est intervenu avec un bon coup. Cette expansion de ses activités, en plus de diversifier ses produits et d’augmenter ses revenus, lui a également permis de rencontrer celui qui deviendrait éventuellement son homme de confiance et associé, Claude Marcil. Au moment de se lancer dans la fabrication des grattes, Stenger a choisi de faire fabriquer les premières versions par un fournisseur externe. Claude était justement le chargé de projets pour la fabrication de grattes et un jour, il a fait le choix de se joindre à la nouvelle équipe de MTN. Aujourd’hui, les deux hommes travaillent de concert, tant pour gérer l’entreprise que pour servir leurs nombreux clients.

Les Équipements MTN aujourd’hui

Dix-neuf années après sa création, MTN ressemble peu à l’entreprise qu’elle était à ses humbles débuts. Toujours basée à Dorval, MTN emploie aujourd’hui 16 personnes à temps plein. Pendant les périodes plus achalandées, on fait parfois appel à des contractuels, notamment des soudeurs. À présent, on parle de la compagnie Les Équipements MTN, celle qui a remplacé les anciennes filiales, notamment Équipements de neige MTN, Métaux MTN et Équipements de manutention MTN. Malgré le changement de nom et de structure, MTN n’a aucunement l’intention de délaisser ses activités dans le milieu des équipements de neige, celles-ci étant responsable de 60 % de ses revenus.

PortraitsEntr_MTN_coupe-branche.jpg

La gamme de produits offerte par MTN ne cesse de prendre de l’ampleur. Il y a deux ans, on a commencé à produire des coupe-branches, ceux-ci étant de plus en plus populaires parmi les clubs de motoneigistes, car leur utilisation sert à contrer le manque de bénévoles en début de saison.

En 2018, MTN est une compagnie qui fait couler ses propres barbotins. Elle offre aussi des chenilles de remplacement pour toutes les surfaceuses, de même qu’une variété de grattes pouvant répondre à pratiquement tous les besoins des clubs de motoneigistes. Toutefois, si un club a un besoin des plus particuliers, MTN peut fabriquer des grattes sur mesure. La compagnie offre aussi des pièces de rechange de qualité supérieure, tels des travers de chenilles de surfaceuses, le tout à des prix modiques.

PortraitsEntr_MTN_barbotin_1.jpg

MTN fabrique ses propres barbotins, les offrant pour toutes les marques de surfaceuses. Offerts en acier et en aluminium, ceux-ci sont coulés localement avant d’être ensuite envoyés à Calgary pour l’application du revêtement en uréthane.

Aujourd’hui, MTN vend ses produits à la grandeur du Canada et des États-Unis. La compagnie compte trois distributeurs pour ses produits, un à Kelowna en Colombie-Britannique, un à Salt Lake City, dans l’État de l’Utah aux É-U, ainsi qu’un nouveau en Chine. Ce dernier est ouvert depuis à peine six mois, après un long processus de négociations. L’ironie de ce nouveau point de distribution n’échappe pas à Charles Stenger, qui note que la vaste majorité des entreprises nord-américaines importent de Chine alors que MTN exporte en Chine. Disons qu’il est fier de son coup.

Une fondation de respect

Interpellés à savoir ce qu’ils perçoivent comme les forces principales de MTN, MM. Stenger et Marcil répondent aussitôt le service, la qualité et le prix. À vrai dire, il est évident au fur et à mesure que la discussion se poursuit qu’aucun compromis n’est possible lorsqu’il s’agit d’un de ces piliers. Se joignant au respect du client, l’expérience entre aussi en jeu comme un facteur décisionnel, nos deux hommes, en raison de leurs années d’expérience dans le milieu, sachant très bien que la saison hivernale est courte et de durée indéterminée, d’où le besoin de régler les dossiers sans tarder. Le temps pour discuter et négocier viendra plus tard.

Stenger note en riant que « certains s’essayent », c’est-à-dire qu’ils tentent de profiter de leur volonté d’aider leurs clients, par exemple en tentant de retourner ou d’obtenir un crédit sur des produits provenant d’ailleurs. Il s’est déjà fait prendre en remplaçant ainsi des pièces. Toutefois, il note que chaque fois que cela est arrivé, il a réussi à se faire un nouveau client et, plus important encore, à le garder à long terme. Toujours dans cette même optique, Stenger et Marcil sont tous deux fiers de mentionner qu’en appelant l’entreprise durant les heures de bureau, soit entre 9 h et 17 h, personne ne tombera sur une boîte vocale. Tous ont droit à des échanges avec un membre de l’équipe dont la priorité est de servir le client le mieux et le plus rapidement possible.

Si la compagnie MTN est « le bébé » de Charles Stenger, son équipe est sa famille. Stenger est très reconnaissant d’avoir un bras droit en la personne de Claude Marcil, mais aussi de pouvoir compter sur le reste de son équipe. Il les respecte tous, reconnaît leur valeur et leur contribution, et est fier de s’occuper d’eux, tout comme un bon père de famille.

PortraitsEntr_MTN_chèque.jpg

MTN a fait un don de 5 000 $ à la Fondation Kelly Shires contre le cancer du sein l’automne dernier, démontrant encore une fois la conscience sociale de l’entreprise. Il faut dire que Charles Stenger tient particulièrement à cette cause, son épouse étant une survivante de cette maladie.

L’autre 40 %

Il va de soi que si 60 % des revenus de l’entreprise proviennent du côté des équipements de neige, l’autre 40 % doit venir d’ailleurs, dans ce cas des activités de fabrication sur mesure. Parmi celles-ci, MTN fabrique des escabeaux et plateformes de travail pour les épiceries Métro et Super C. On y manufacture également des systèmes de convoyeurs et des glissières pour Postes Canada. D’ailleurs, Claude Marcil est souvent appelé à se déplacer pour la société d’État, ses 30 années d’expérience et ses connaissances approfondies des nombreux centres de distribution à la grandeur du pays font de lui une ressource importante pour les ingénieurs et gestionnaires de Postes Canada. 

PortraitsEntr_MTN_rouleau.jpg

Parmi les produits spécialisés offerts par les services de fabrication sur mesure de l’entreprise, on retrouve les rouleaux de convoyeurs. Ceux-ci sont disponibles en diamètres allant de 2,54 cm à 8,9 cm (1 po à 3,5 po), ainsi qu’en aluminium ou en acier galvanisé, au choix. Ces rouleaux trouvent preneur chez des entreprises d’envergure, dont Postes Canada, les brasseries, les restaurants McDonald et des revendeurs.

Spécialiste des chenilles

Malgré la diversification de sa gamme de produits, la production de chenilles demeure une spécialité chez MTN. Le caoutchouc, importé d’Allemagne, est le meilleur au monde, selon M. Stenger. Les travers sont fabriqués d’un acier particulier choisi pour sa résistance. Tout l’usinage est fait à l’interne et les travers complétés sont ensuite envoyés à l’extérieur pour un traitement thermique. Le contrôle de la qualité est extrêmement important et de nombreuses vérifications sont menées dans le cadre du processus, tant sur le plan de la métallurgie que pour valider la dureté (soit par des tests Rockwell). Vient ensuite un nettoyage à la vapeur (pour assurer une meilleure adhésion de la peinture) et l’application d’un revêtement en poudre. Cette combinaison d’expertise et de composants de qualité supérieure fait en sorte qu’il n’a jamais eu un retour de produit chez MTN pendant les 20 ans de production de l’entreprise! Que dire de plus?

PortraitsEntr_MTN_chenille.jpg

Outre des chenilles de surfaceuses, MTN fabrique des chenilles pour les équipements lourds qui servent à l’extraction des sables bitumineux en Alberta (bien que ce marché soit plutôt lent ces temps-ci…).

Informations Équipements MTN

Ces articles pourraient vous intéresser