Portraits

En bonnes mains

Publié le 16 février 2020 - Michel Garneau

L’activité motoneige comporte de nombreuses facettes. Qu’il s’agisse du volet mécanique (soit des véhicules incroyablement avancés et robustes), de la dimension récréotouristique (on parle d’une industrie à retombées économiques énormes), de l’élément social (le partage de la passion entre amis) ou encore du côté organisationnel (les clubs et fédérations), l’activité offre du positif pour presque tous et toutes. La sécurité est un aspect qui est moins « séduisant », mais tous s’entendent pour dire qu’il s’agit d’une priorité absolue. Après tout, sans cette dernière, tous les autres aspects cessent d’exister. En fait, son importance est telle qu’elle a été le facteur incitatif principal ayant mené à la création de notre réseau de sentiers et ensuite de notre fédération il y a plus de 45 ans déjà.

Les années se suivent, le monde change, mais l’importance accordée à la sécurité elle, demeure inébranlable. Aujourd’hui, votre fédération poursuit sans relâche son engagement dans ce dossier toujours critique et prioritaire. D’ailleurs, depuis quelques mois déjà, un nouveau superviseur provincial, M. Francis Jacques, est entré en fonction. Alors, voyons voir qui est ce nouveau boss du programme des agents de surveillance?

Le nouveau boss

Pour commencer, il est un motoneigiste et ce, depuis plus de 50 ans! C’est en 1966 que son père a appris qu’il gagnait une motoneige après avoir participé à un concours. En décidant de la garder plutôt que de la vendre, il a fait entrer la passion de la motoneige au sein de la famille. Originaire de Shawinigan, M. Jacques a toujours aimé l’activité motoneige. Réalisant l’importance des retombées économiques de l’industrie dans sa Mauricie natale, il commence à s’impliquer auprès de son club à la fin des années 90. Depuis, il a occupé plusieurs postes au sein de l’organisation, notamment administrateur, directeur général, directeur des agents de surveillance, vice-président et président.  Ayant la sécurité à cœur, il était tout naturel pour lui de poursuivre son implication en ce sens. Il a donc cumulé 15 années en tant qu’agent de surveillance et en 2018, il a officiellement obtenu le poste de superviseur régional. Cette position lui a offert la chance de donner des formations aux futurs agents de surveillance et d’en faire le suivi pendant les saisons de motoneige. Depuis 2019, il est le nouveau superviseur provincial. Son rôle le pousse encore à superviser la sécurité et les opérations des agents de surveillance, mais cette fois-ci, à plus grande échelle.

La sécurité, un enjeu prioritaire, est un travail d’équipe. De gauche à droite : le sergent Jean-François Villemure, coordonnateur récréotouristique à la Sûreté du Québec, André-Serge Chiasson, Ghislain Raymond, Benoît Blier, l’agent Dominic Therrien de la SQ et Francis Jacques, superviseur provincial de la sécurité, FCMQ. Photo : Karl Tremblay.

Saviez-vous que…

Selon les règlements généraux de la FCMQ (article 4, alinéa F), chaque club membre doit s’assurer d’avoir à son service au moins deux (2) agents de surveillance de sentiers durant toute la saison de motoneige.

La Loi sur les véhicules hors route (LVHR) reconnaît formellement et accorde une autorité aux « agents de surveillance de sentiers » et aux « agents de surveillance recrutés par une association de clubs d’utilisateurs ».

Tous les agents de surveillance sont des bénévoles qui donnent de leur temps pour améliorer la sécurité de la pratique et contribuer au bien-être de tous les membres de la FCMQ.

Des formations pour les agents de surveillance ont lieu chaque automne dans chacune des régions de la province.

Les agents, qui sont tous assermentés et doivent respecter un code d’éthique, sont tenus de suivre ladite formation tous les trois ans.

Pour la saison en cours (soit l’hiver 2019-2020), la sécurité de la pratique est bonifiée par la présence de 115 agents « provinciaux » et 1 085 agents « des clubs » dans nos sentiers.

MG :   Bonjour, Francis. Qu’est-ce qui t’a incité à t’impliquer dans le volet sécurité de l’activité motoneige?

FJ :      Au départ, c’est une valeur pour moi. Je crois que c’est important que les règles soient respectées, car c’est souvent à l’intérieur des règles que l’on retrouve la sécurité. J’ai le plaisir de travailler avec une équipe et c’est quelque chose qui me plaît aussi.

MG :   Y a-t-il des aspects de la sécurité qui te préoccupent particulièrement?

FJ :      La première chose, c’est la sécurité de chacun de nos membres. La réputation de l’activité motoneige me préoccupe également. L’activité motoneige constitue un apport économique très important, voire même essentiel, dans nos régions et sans elle, nos hivers seraient catastrophiques. Des villages perdraient leurs restaurants, postes de distribution d’essence et d’autres services.

MG :   Donc, il est important pour toi de sauvegarder tout cela?     

FJ :      Absolument. Nous devons travailler pour maintenir une belle image, pour être reconnu tant par les gouvernements que par l’industrie touristique.

MG :   Il y a aussi le volet humain à considérer.

FJ :      Bien sûr, ce sont d’abord des êtres humains et non pas des numéros, ou encore des motoneiges, qui circulent dans nos sentiers. Ce sont des gens à qui nous devons rappeler que les choses doivent se faire d’une certaine façon pour éviter des accidents, qu’il y a des limites à ce que l’on peut faire. 

MG :   Notre activité attire des gens passionnés et parfois cette passion prend le dessus.

FJ :      C’est ça. Lorsque nous sommes assis sur une motoneige, ce véhicule puissant et amusant à conduire, il devient parfois facile d’oublier les règles de sécurité de base. Il peut nous arriver de nous perdre dans le moment. 

MG :   Pour revenir à un commentaire que tu as fait plus tôt, soit sur le travail en équipe, quelle est ta vision de la participation des patrouilleurs?

FJ :      Mon travail en est un de superviseur, c’est vraiment de gérer l’équipe et de voir à ce que le travail se fasse par l’équipe. Dans mon esprit, un superviseur n’émet pas de constats dans les sentiers; il apprend plutôt aux autres comment bien faire les choses. C’est de former les gens et de donner l’exemple; de s’assurer que les choses se fassent bien et que nous soyons efficaces. Les patrouilleurs sont des bénévoles, mais dès qu’ils acceptent le mandat d’être agent, ils doivent accepter les conditions qui vont avec et bien faire les choses.

MG :   Est-ce que tu t’es fixé des objectifs précis en acceptant ce poste? 

FJ :      Effectivement, j’en ai deux. Le premier, c’est d’assurer d’avoir une communication fluide avec les agents et ce, non seulement avec les agents provinciaux, mais également avec les agents des clubs. Autrement dit, quand nous aurons des choses à diffuser, celles-ci devront être partagées le plus rapidement possible, de sorte qu’elles soient mises en place aussitôt que nous aurons pris une décision. L’autre priorité est de créer et d’instaurer des procédures, soit d’établir des règles écrites et claires pour que les gens sachent ce qu’ils ont à faire et qu’ils ne se posent pas de questions. Cela permettra aussi d’éviter toutes les zones d’interprétation qui compliquent la gestion des équipes.

MG :   Cela aiderait aussi à protéger les agents.

FJ :      Oui, mais pas seulement les agents; il faut protéger les motoneigistes aussi. Nous devons nous assurer que l’application soit uniforme partout à travers la province. Cela permettra aussi aux agents des clubs à atteindre le même niveau que les agents provinciaux. À mon avis, la seule différence entre les agents des clubs et les agents provinciaux est le territoire qu’ils doivent couvrir.

MG :   Sur le plan de la communication, ton rôle est d’assurer que l’information du haut se rende jusqu’en bas, si on peut l’expliquer ainsi. Comment vois-tu le flux d’information dans l’autre sens?

FJ :      Dans un premier temps, il faut être disponible. Aussi, les gens doivent communiquer le plus tôt possible avec leur superviseur immédiat lorsqu’il y a des questions spéciales ou points à soulever. Tout doit se faire en toute transparence et l’information doit passer par le bon chemin. Il y a un ordre hiérarchique et il faut le respecter pour que les choses se déroulent bien. Si nous permettons au système d’être court-circuité, il deviendra dysfonctionnel. Nous travaillons avec des bénévoles et ce type de système n’est possiblement pas naturel ou familier pour tous, mais une fois que quelqu’un choisit de devenir agent, il doit emboîter le pas et adhérer aux règles et procédures.

MG :   Comment perçois-tu le rôle de la Sûreté du Québec et des corps policiers municipaux dans le volet sécurité à motoneige?

FJ :      Je crois que ce sont de loin nos meilleurs alliés. Nous avons une collaboration exceptionnelle avec eux presque partout. Nous sommes complémentaires, nous avons chacun notre place sur le terrain. Nous ne sommes pas des policiers, mais nous avons tout de même une certaine autorité et les policiers sont là pour nous aider et nous soutenir dans le cadre des dossiers importants.

MG :   Qu’est-ce que le rôle d’un patrouilleur pour toi? Il y a le volet sensibilisation et celui de l’application des lois et règlements. Comment vois-tu le mélange de ces deux fonctions?

FJ :      Tout d’abord, le patrouilleur doit penser que le motoneigiste qu’il rencontre est un des membres d’un club, de la Fédération. Lors de la formation des agents, nous avons une liste de 13 points à se rappeler et « émettre une contravention », est le 11e. Alors, je dis aux patrouilleurs : « Avant de vous rendre jusqu’à émettre une contravention, assurez-vous d’avoir bien fait les dix premiers points. » La fonction primordiale est d’éduquer, d’informer et de sensibiliser, et si tout cela est bien fait, nous n’aurons pas à intervenir à l’autre bout.

MG :   Donc, le constat est un dernier recours?

FJ :      Je dis souvent que les gens qui reçoivent un constant l’ont demandé. Ils ont une attitude qui ne nous laisse pas le choix. Un agent, par définition, se doit d’agir. S’il voit quelque chose qui n’est pas correct ou conforme, il doit agir, par exemple en donnant un conseil ou un avertissement. Toutefois, l’agent devra être plus sévère si la sécurité des autres ou la préservation des droits de passage n’ont pas été respectées.

MG :   Il est important de noter que les agents ont un rôle qui est reconnu par la loi.

FJ :      Effectivement, ce sont des agents assermentés.

MG :   Merci de ton temps et bon succès dans tes nouvelles tâches.

FJ :      Merci.   

Ces articles pourraient vous intéresser