Portraits

Motoneigiste hors du communMichelle Blais

Publié le 15 décembre 2019 - Francine St-Laurent

Du haut de ses 5 pieds et 2 pouces et à la fin de la soixantaine, Michelle Blais a réalisé de grandes choses. Elle a tenu à bout de bras son engagement envers le monde de la motoneige. Comme elle le dit, « les petits pots, les meilleurs onguents… »

De l’énergie à revendre

Cette Maniwakienne à l’énergie contagieuse est la grande initiatrice de la fameuse Randonnée de la femme des Ours blancs. « Lorsque cette activité de motoneige d’un jour a commencé en 1989, nous étions environ 33 femmes. En 1995, nous étions 112 randonneuses. L’événement a tellement fait boule de neige qu’en 1997 nous avons eu 198 participantes. Imagine! Ce n’est pas rien! », raconte avec enthousiasme Michelle Blais. Pourquoi un tel engouement? Selon elle, les femmes étaient souvent tannées d’être tout le temps assises derrière leur chum sur la motoneige. Elles voulaient prendre les commandes et éprouver un sentiment de liberté. « Le but n’était pas de faire le plus grand nombre de kilomètres possible par jour et de dire : “Allez les filles! Go! Go! Go!” On voulait avoir du plaisir, faire du social, aller mollo et initier des femmes à la motoneige », explique-t-elle. Michelle se rappelle que certaines participantes n’avaient pas de motoneige. Elles empruntaient celle de leur compagnon pour participer à la randonnée. « Il y en a qui avaient des papillons dans l’estomac, crois-moi. Elles n’étaient pas habituées à conduire une motoneige et elles avaient très peur de la scrapper. »

La mommoiselle!

Dans les années 1990, Michelle Blais organise une autre activité appelée les Dimoiselles pour les femmes qui voulaient partir plus d’une journée. « Au début, la randonnée à motoneige durait deux ou trois jours, mais par la suite, on partait quatre jours et, à la fin, toute une semaine. » La randonnée des Dimoiselles a pratiquement pris fin en 2010 avec le décès de l’une des organisatrices, Céline Roy-Robillard, emportée par le cancer du sein à l’âge de 54 ans. « On la surnommait “Céline Rimoiselle”, car elle était bien rieuse. Moi, on m’appelait “mommoiselle”, car j’étais la doyenne du groupe », précise-t-elle. Michelle explique que Céline était une vraie maniaque de la motoneige. Elle en a fait jusqu’à la dernière minute. « À la toute fin, il fallait l’aider à mettre son ensemble de motoneige. Parfois, elle se couchait sur un banc de neige pour se reposer. C’est pour dire! »

Michelle Blais (droite), doyenne des Dimoiselles, n’est pas à sa première parution dans les pages de votre magazine Motoneige Québec. Ici, elle était organisatrice d’une randonnée dans les régions de l’Outaouais et de l’Abitibi durant l’hiver 2012-2013 avec l’auteure de ce texte, Francine St-Laurent (2e de gauche). Photo : Christine Labrecque. 

La motoneige fait partie de sa vie

En plus d’organiser des randonnées pour femmes à motoneige, Michelle a été, avec ses frères Yvon, Jacques et Jean, propriétaire jusqu’à sa retraite du concessionnaire BRP Les Équipements Maniwaki. C’est son père Roger qui a créé cette entreprise en 1964. « Avant ça, il vendait des tracteurs à Fortierville, village où je suis née et dans lequel s’est déroulée la triste histoire d’Aurore, l’enfant martyre. D’ailleurs, Télesphore Gagnon, le père d’Aurore, venait à la maison. Mon père l’a engagé lorsque celui-ci est sorti de prison. » Plus tard, le père de Michelle décida de déménager avec sa famille dans la région de l’Outaouais où il créa une entreprise familiale. 

« J’ai commencé à travailler pour Les Équipements Maniwaki vers l’âge de 17 ans. C’est pour vous dire que j’ai été élevée avec les motoneiges, dit-elle avec un sourire dans la voix. J’étais jeune, dans la vingtaine, quand je suis devenue membre fondatrice du club de motoneige Les Ours blancs. J’ai acheté ma première motoneige dans les années 1990 et je l’ai utilisée en masse. » En effet, notre grande mordue de motoneige dit avoir déjà parcouru plus de 5 000 à 6 000 kilomètres pendant certains hivers. Selon elle, ses plus belles sorties demeurent celles où elle fait la tournée des pourvoiries et y fait du social.

La cerise sur le sundae

Pour cette raison, notre joyeuse retraitée organise parfois des randonnées de motoneige pour des pourvoiries. C’est la cerise sur le sundae de ses sorties en motoneige. Il y a quatre ou cinq ans, Michelle a initié deux Bretonnes à cette activité.

« Nous sommes parties dix jours. Je voulais leur offrir quelque chose de vraiment spécial. On a vécu des moments inoubliables, crois-moi! Je leur ai fait vivre  le trip de la cabane au Canada au Club Fontbrune. » Notre femme explique qu’elles ont demeuré dans un petit chalet sans électricité, loin de l’auberge principale. « Le soir, le personnel venait nous apporter une fondue chinoise. On a pratiqué la pêche blanche et on a attrapé un très gros brochet. Les filles désiraient connaître une vraie tempête de neige, et bien, nous en avons eu toute une. On ne pouvait rien voir devant. » Elle ajoute que les filles voulaient aussi voir un ours noir, eh bien, elles en ont vu un sortir de sa tanière en plein février au parc Oméga! « Ce qui est assez incroyable! Et puis, nous avons fait du traîneau à chiens et bien d’autres belles choses encore. On a également fait un arrêt à la pourvoirie Pavillon La Vérendrye où nous avons visité la cabane du trappeur. Ce dernier nous a amenées faire la tournée de ses pièges. Il y avait toutes sortes de bibittes prises d’dans! »  

En 2018, Michelle organise une autre sortie, mais cette fois-ci, avec cinq jeunes Français. « En faisant de la motoneige sur le réservoir Gouin, on a aperçu une carcasse d’orignal abandonnée par des loups. On s’est arrêtés chez un Autochtone qui nous a fait une soupe à l’orignal. On a vraiment eu un fun noir! »

Ces beaux moments ne sont pas sans rappeler à notre motoneigiste ceux qu’elle a passés lors des Randonnées de la femme des Ours blancs et de celles des Dimoiselles. Michelle se réjouit à l’idée que ces activités féminines semblent renaître de leurs cendres. Sa nièce Marie-Josée Blais songe à reprendre le flambeau. Si ça marchait, notre Michelle serait très heureuse!

Lauréate du Prix de reconnaissance MTQ pour la région des Outaouais

Notre Maniwakienne a été honorée en 2015 par le ministre des Transports du Québec pour son implication depuis 40 ans auprès du club de motoneige Les Ours blancs de la Haute-Gatineau. D’entrée de jeu, notre sympathique femme explique le pourquoi et énumère tout ce qu’elle a fait : « J’ai été membre fondatrice et vice-présidente du club. J’ai organisé des collectes de fonds et recruté des bénévoles, entre autres choses. »

Photo : MTQ, vignette : Mme Michelle Blais (lauréate du Prix de reconnaissance des bénévoles en matière de véhicules hors route 2015 pour la région des Outaouais) et M. Robert Poëti (ministre des Transports à l’époque).

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