Portraits

Radar et motoneige

Publié le 19 novembre 2017 - Francine St-Laurent

CHAUDIÈRE-APPALACHES – En 2010, Richard Saint-Laurent était loin de s’imaginer qu’il deviendrait propriétaire d’une ancienne base militaire s’étalant sur une superficie de 14 millions de pieds carrés. En fait, son histoire n’est pas piquée des vers.

« Au départ, je cherchais juste un petit terrain de 5 000 pieds carrés pour mettre ma roulotte motorisée et j’ai acheté quelque chose de pas mal plus grand », raconte en riant le propriétaire d’un vaste territoire qui constitue, à son avis, un véritable voyage dans l’histoire.

« Croyez-le ou non, il y a plus de 60 ans se trouvait ici un vrai village avec une population qui a déjà atteint le pic de 1 200 à 1 300 villageois. »

Notre homme ajoute que les militaires et leurs familles bénéficiaient d’une foule de services sur place : hôpital, église, écoles, bureau de poste, épicerie, théâtre, salle de quille, piscine creusée intérieure et bien d’autres choses encore. Et tenez-vous bien, la base militaire possédait son propre journal hebdomadaire, le Daily Routine Order.

Notez que si Richard Saint-Laurent parle au passé, c’est que la base militaire – construite durant la guerre froide (1947-1991) – n’existe plus.

La peur du communisme au Canada

M. Saint-Laurent explique que ce n’est pas le fruit du hasard si l’armée a choisi cet endroit situé à Saint-Sylvestre pour construire une base militaire – alors administrée par le Royal Canadian Air Force – dont l’objectif était de faire de la surveillance aérienne. Selon lui, on avait la frousse du communisme et on craignait de recevoir une bombe nucléaire russe sur la tête. Or, le mont Sainte-Marguerite – avec son sommet à 698 mètres d’altitude (2 290 pieds) – est l’un des endroits les plus élevés de la région de Chaudière-Appalaches. Cette montagne, qui fait également partie de son immense propriété, offre une vue incroyable sur la rive nord. « Par temps clair, souligne le propriétaire, on voit plein de petits villages entre ici et Québec. On peut également voir le mont Sainte-Anne, Charlevoix et même le pont de Québec situé à 75 kilomètres de la base militaire. De plus, le sol d’ici contient du fer, ce qui aide à amplifier d’une manière naturelle les signaux des radars. »

Un village stratégique offrant une multitude d’activités? Comment alors expliquer la fermeture de cet endroit construit en 1953 et qui a coûté plus de cinq millions de dollars en investissements?

 

Le territoire de Richard Saint-Laurent recèle des trésors

Maintenant converti en base de plein air familial, le site (appelé à présent le Domaine du Radar) conserve encore quelques vestiges de l’ancienne base militaire. Selon Richard Saint-Laurent, il existe toujours l’usine d’épuration des eaux, l’ancienne guérite et l’ancien entrepôt qui sert de chalet principal. « Les bâtiments qui ont abrité le bureau de poste, l’épicerie, le théâtre et le gymnase ont été transformés en chalets. L’eau potable utilisée pour nos activités provient de l’ancien réservoir d’eau alimenté par la nappe phréatique.

Aussi, la cellule réservée aux militaires dissidents existe toujours. » Il y a également trois galeries souterraines dont l’une est ouverte au public. Richard Saint-Laurent, qui désire les rendre toutes accessibles aux visiteurs, croit qu’il en existe d’autres cachées quelque part sur le site. « J’ai fait des demandes d’accès à l’information autant comme autant pour obtenir les plans du site, mais on m’a répondu que ce sont des informations très sensibles qui ne peuvent être révélées. Il n’y a rien à faire. »

Cependant, parmi ces vestiges, le bâtiment le plus impressionnant demeure sans nul doute la tour du radar « top secret » qui trône fièrement sur le mont Sainte-Margerite avec ses 12 mètres (40 pieds) de hauteur, perchée sur une fondation mesurant 40 mètres (130 pieds) de profondeur par 30 mètres (100 pieds) de largeur. Rien de moins!

De l’avis de Richard Saint-Laurent, on appelle la tour de radar « top secret » du fait que ce bâtiment était le cœur névralgique des opérations dans lequel se trouvaient les appareils les plus sophistiqués de la base. Les motoneigistes qui entrent dans cet immense monument ne peuvent qu’écarquiller les yeux devant l’ampleur de ce lieu hors du commun!

Les motoneigistes peuvent s’y rendre en groupe

« Pour circuler sur le Domaine du Radar, il faut payer un prix d’entrée de 5,75 $ et suivre les consignes de sécurité pour se rendre à la tour de radar “top secret” ouverte toute l’année aux visiteurs », indique Richard Saint-Laurent. Il y a aussi un restaurant ouvert toutes les fins de semaine. Le soir, on peut y déguster une très bonne fondue chinoise entre amis. Le jour, on sert des plats familiaux de type cantine. On peut également dormir sur place. La capacité d’accueil des hébergements est d’environ 70 personnes.

L’endroit possède également deux pistes de luge autrichienne (la familiale et le kamikaze) de 2,3 kilomètres avec un service de remontée en autobus.

Richard Saint-Laurent, l’amateur de motoneige

Originaire de Québec et dans la jeune cinquantaine, le propriétaire du Domaine du Radar a commencé à faire de la motoneige vers 1966 sur un Skiroule qui appartenait à son père et avec lequel il se promenait dans les alentours de Saint-Isidore (comté de la Nouvelle-Beauce). Aussi, il n’est pas prêt d’oublier sa première motoneige, un modèle Ski-Doo T’NT 440 qu’il a acheté en 1978. Richard Saint-Laurent a été membre du club Auto-Neige Rive-Sud pendant quelques années. Aujourd’hui, il circule fièrement avec sa Yamaha Venture 700 sur les sentiers de son immense territoire.

Deux façons de se rendre au Domaine du Radar à motoneige

Façon #1

Du sentier fédéré, les motoneigistes peuvent emprunter un sentier local pour se rendre au village de Saint-Sylvestre (Beauce). Un panneau sur le sentier fédéré indique la sortie pour le village où l’on peut trouver un dépanneur, un restaurant et un poste d’essence. Du village, on peut emprunter le réseau routier (le rang Sainte-Catherine) et parcourir une distance d’environ six kilomètres pour se rendre au Domaine du Radar. Du village de Saint-Sylvestre, des panneaux touristiques indiquent bien la direction à prendre pour se rendre à l’ancienne base militaire.

Façon #2

Du village de Saint-Séverin, les motoneigistes peuvent aussi suivre les indications pour se rendre au Domaine du Radar en suivant un lien en hors-piste de huit kilomètres environ.

Richard Saint-Laurent caresse également certains projets pour les motoneigistes. Il souhaite aménager un sentier local qui serait relié au sentier fédéré qui passe derrière le mont Sainte-Marguerite afin de permettre aux motoneigistes de se rendre à la tour du radar « top secret ». Cette tour serait convertie en relais dans lequel les motoneigistes pourraient ranger leur engin.

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