
M. Aimé Plourde, un homme originaire de Saint-Antonin qui a passé plusieurs années de sa vie à Trois-Pistoles, habite depuis peu la Résidence du Lys d’Argent à Saint-Pacôme. Il pourrait très bien être un résident parmi tant d’autres, mais ce serait sans compter les centaines d’inventions qu’il a à son actif dont des dizaines ont été brevetées au fil des ans. À 87 ans, cet ancien mécanicien qui ne se considère toujours pas à la retraite, assure avoir la tête encore pleine d’idées.
Rares sont ceux qui osent parler de ce qu’ils ont réalisé, comme s’ils avaient peur de manquer d’humilité. Aimé Plourde, lui, n’a pas de gêne à parler de ses inventions. Non pas par manque de modestie, mais plutôt parce qu’il en est fier et que chacune d’entre elles a son histoire. Photos à l’appui, il nous explique comment il les a créées et comment il en a fait breveter une cinquantaine au fil du temps, au Canada et aux ÉtatsUnis. « Quand j’ai commencé, je devais avoir six ou sept ans. J’avais développé des petites voitures à moteur à partir d’un cadran de la maison », raconte-t-il
Quatre-vingts ans plus tard, il estime avoir conçu pas moins de 200 inventions. Dans un article publié dans la revue de la Société d’histoire et de généalogie de Trois-Pistoles, le journaliste Paul-André Ouellet en cite une douzaine, allant des patins à roues alignées à la suspension pour motoneige en terrain accidenté, en passant par un mécanisme de déplacement et de déversement des poubelles qui facilite aujourd’hui la collecte des ordures..
Passe-temps
Malgré toutes ces bonnes idées, Aimé Plourde n’a jamais fait fortune. Ce n’était pas le but non plus. Pour lui, « patenter » était un passe-temps avant tout. Sa passion lui venait de son père et il l’a transmise à son fils qui habite Sainte-Anne-des-Monts et son petit-fils qui réside à Saint-Pascal. Commercialiser ses idées, ses inventions, ce n’était pas sa tasse de thé.
Néanmoins, il avoue avoir vendu deux de ses brevets à de grosses compagnies dans les années 70, nommément Kawasaki et Yamaha. Il dit même avoir contribué à la réalisation du prototype de motoneige qui a permis la création de l’usine Moto-Ski à La Pocatière, aujourd’hui Bombardier Transport.



AIMÉ PLOURDE EN 1976 SUR SON « CYCLO-NEIGE » DONT LE BREVET AURAIT ÉTÉ VENDU À KAWASAKI. PHOTO : SOCIÉTÉ D'HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE TROIS-PISTOLES
Encore des idées
Aujourd’hui installé à Saint-Pacôme, Aimé Plourde dit avoir la tête qui continue de bouillonner d’idées. Dans un petit appartement de la Résidence du Lys d’Argent, il fait des croquis sur la table à dessin de son salon. Quand il veut bricoler, il se rend au garage de son petit-fils à Saint-Pascal.
Autrement, Aimé Plourde cherche simplement à inspirer d’autres inventeurs qui, comme lui, n’ont pas peur de se salir les mains dans le garage derrière la maison. « Quand on invente quelque chose, c’est facile d’abandonner quand on commence à trouver que c’est trop compliqué. La clé, c’est de foncer la tête baissée », conseille-t-il, bien sagement.


D’autres cartons présentant les inventions d’Aimé Plourde sur la table à dessin de son salon. Photos : Maxime Paradis.
La motoneige a beaucoup évolué en très peu de temps en comparaison de nombreux autres véhicules ou aspects de nos vies. Nous n’avons qu’à penser aux premiers modèles Ski-Doo offerts en 1959 pour comprendre l’énorme progrès réalisé en seulement 60 ans. Cette évolution est une grande source de satisfaction pour nous tous, motoneigistes. Toutefois, elle l’est davantage pour les motoneigistes québécois puisque c’est dans notre coin du continent que bon nombre de ces avancées ont été conçues et mises au point, et ce, grâce à l’ingéniosité de nombreux pionniers de chez nous. Bien sûr, le plus connu de ces grands penseurs est nul autre que Joseph Armand Bombardier lui-même, l’inventeur de la motoneige moderne et le patriarche de la société qui porte son nom. Toutefois, comme ce portrait le démontre si bien, M. Bombardier n’a pas été seul à faire évoluer les choses. La motoneige fait partie de notre patrimoine collectif grâce aux contributions de nombreux fonceurs et nous pouvons en être très fiers!
- Michel Garneau

LA PROCHAINE FOIS QUE VOUS ALLUMEREZ LE POUCE OU LES POIGNÉES CHAUFFANTES DE VOTRE MOTONEIGE, AYEZ UNE PENSÉE POUR M. AIMÉ PLOURDE, CAR SANS SA CONTRIBUTION, LES MAINS ET LES DOIGTS GELÉS SERAIENT ENCORE INDISSOCIABLES DE NOTRE LOISIR FAVORI